Premier défilé au Carnaval de Rio : le témoignage d’Anahi Majestosa, passista de Grande Rio

Aujourd’hui, je vous partage un témoignage aussi sincère que précieux : celui d’Anahi Majestosa, danseuse franco-argentine passionnée de Samba, aujourd’hui passista officielle de l’école Grande Rio, qui revient avec émotion et lucidité sur son tout premier défilé au Carnaval de Rio en 2019.

Un récit plein d’enseignements, entre rêve réalisé, galères techniques et prise de conscience culturelle.

Voici comment Anahi a vécu son tout premier défilé au Carnaval de Rio : finalisation d’un article

Cet article sort un peu de l’ordinaire par rapport à ce que je publie habituellement. J’ai en effet lancé un appel pour recueillir des témoignages personnels de danseuses de Samba sur leur toute première expérience de défilé à Rio. Voici le deuxième récit d’une série de cinq témoignages intimes et inspirantes.

👉 Vous avez manqué le premier témoignage ? Cliquez ici pour découvrir le récit bouleversant de Caro, sous la pluie et les plumes au Sambodrome.

Un rêve de 10 ans devenu réalité

« Cela faisait déjà 10 ans que je faisais du Samba, il était temps de réaliser ce grand rêve ! »

En 2019, Anahi s’envole pour la toute première fois vers le Brésil. À l’époque, elle est passista dans l’école Azulinha à Paris, ce qui lui permet d’intégrer deux défilés à Rio :

• Un premier sur un char,
• Puis un second, dans l’Ala de passistas de l’école Estácio de Sá, en Série Ouro.

Une préparation intense… mais incomplète

Motivée comme jamais, Anahi se prépare pendant un an :

• Cours avec différents professeurs,
• Entraînement cardio,
• Travail des talons,
• Apprentissage du samba-enredo par cœur,
• Étude des bossas et de leur signification.

Mais arrivée quelques jours seulement avant le défilé, elle n’a pas le temps de répéter avec l’école. Résultat :

« On est arrivées comme un cheveu sur la soupe… Pas de lien avec les autres passistas, juste une sensation d’être des “gringas” (étrangères) en trop. »

Le jour J : entre euphorie, douleurs et talons cassés

L’émotion est à son comble au moment d’entrer dans l’Avenida.

« Le feu d’artifice est lancé, la bateria démarre, je ressens la percussion dans tout mon corps… C’est parti pour le plus grand rêve de ma vie. »

Mais très vite, le rêve prend des allures de parcours du combattant :

• Talon coincé dans la jupe dès les premières secondes,
• Semelles décollées une par une (elle finit littéralement avec des talons de 14 cm et presque plus rien sous les pieds),
• Chaleur étouffante,
• Nécessité de rester alignée, sourire au visage, Samba dans les hanches…

« Cette performance ne s’improvise pas. Il faut être prêt, sinon ça peut être dramatique pour vous… et pour votre école. »

Un choc post-défilé

À la fin du défilé, au lieu de l’euphorie attendue… le choc.

« Ma copine m’attendait à la dispersão, persuadée que j’allais pleurer de joie… Mais j’étais en état de choc. Je voulais juste enlever mon costume et rentrer. »

C’est seulement quelques mois plus tard, en revoyant les vidéos, qu’Anahi réalise l’ampleur de ce qu’elle a accompli.

Mais le sentiment reste mitigé :

« J’avais réalisé mon rêve, mais il me manquait quelque chose… »

Un crash test révélateur

Ce premier voyage n’a pas été celui d’une immersion culturelle.

« Je n’étais pas vraiment une passista, je n’avais pas vécu toute la préparation. Aujourd’hui, je réalise que l’avant est tout aussi important, voire plus, que le défilé lui-même. »

Elle évoque aussi les difficultés liées à Rio :

• Une ambiance parfois pesante,
• Le besoin d’être toujours sur ses gardes,
• La solitude culturelle…

Mais elle reconnaît aussi ce que ce voyage lui a appris :

« J’ai découvert tout l’univers des écoles de Samba. Et j’ai adoré défiler sur un char ! »

Ce que cette expérience a changé

Ce premier défilé a provoqué une grosse remise en question. Elle aurait pu arrêter là.

Mais la passion est plus forte. Elle retourne à Rio, s’engage pleinement dans la vie d’une école, et devient en 2023 passista à Grande Rio.

« Quand on vit tout, du début à la fin, l’expérience est totalement différente. »

Les conseils d’Anahi aux danseur·ses qui partent défiler à Rio pour la première fois

« Demandez-vous ce que vous venez chercher à Rio. Un plaisir ponctuel ? Ou une vraie immersion dans la culture des écoles de Samba ? »

Selon votre réponse :

• Vous ne partirez pas à la même période,
• Vous ne resterez pas le même temps,
• Vous ne chercherez pas les mêmes contacts.

En résumé : « Un mal pour un bien »

« Ce premier défilé, c’était un crash test. Une épreuve difficile… mais nécessaire. »

Grâce à cette expérience, Anahi a appris, grandi, et trouvé sa place au sein d’une école brésilienne. Ce qu’elle vit aujourd’hui avec Grande Rio, c’est l’aboutissement d’un chemin semé d’émotions, de doutes… et de Samba.

Et toi, rêves-tu de défiler un jour au Carnaval de Rio ? As-tu déjà vécu une première fois un peu chaotique, mais pleine d’enseignements ? Partage ton expérience ou pose tes questions en commentaire !

Qui est Anahi Majestosa aujourd’hui ?

Danseuse et professeure de Samba no Pé depuis plus de dix ans en France, Anahi a choisi de suivre son rêve jusqu’au bout. Après avoir défilé pour la première fois à Rio en 2019, elle décide de s’y installer en 2023 pour s’imprégner pleinement de la culture du Samba, s’investir dans une école et continuer à faire évoluer sa danse.

Aujourd’hui, elle est Passista Show de l’école Acadêmicos do Grande Rio pour la deuxième année consécutive, et a également eu l’honneur de défiler en tant que Muse dans d’autres écoles.

En plus de la scène, elle s’implique activement dans la vie de l’école : soutien à la formation des passistas, travail au Barracão en tant que guide touristique et costumière…

Anahi vit désormais le Samba de l’intérieur, avec passion et dévouement.

Voici une petite vidéo d’Anahi, lors de notre tour privé avec elle à la Cité du Samba à Rio